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Rosie la lavandière

Par verozen • Histoires courtes • Samedi 25/02/2023 • 0 commentaires • Version imprimable

Un petit texte avec un début et une fin de récit imposés lors d'un atelier d'écriture ...

Un après-midi de Juin, peu après cinq heures, Rosie, courbée au- dessus de l’eau, un gros drap de lin dans les mains, discutait avec ses amies au lavoir du village.

Lavandière de métier depuis bien longtemps, elle aimait se retrouver tous les jours à écouter les commérages des unes et des autres ; étalant leur humeur du moment, passant du rire bruyant aux pleurs parfois désarmants.

Tout y passait ; des confidences de l’une aux persiflages de l’autre avec, en fond sonore,  le bruit de la fontaine toute proche, déversant son eau claire dans le lavoir.

Le travail était dur ; agenouillée sur sa planche de bois, elle frappait le linge à l’aide du battoir pour faire disparaître la crasse accumulée sur le linge laissé par ses maîtres.

Rosie aimait son métier ; quand elle tapait de toutes ses forces, elle sentait qu’elle expulsait toute la rancœur, les désillusions qui la poursuivaient jusque dans ses rêves.

Petite, elle ne s’imaginait pas devenir domestique et laver le linge sale de ses employeurs !

A la maison, ses parents ne roulaient pas sur l’or et ne pouvaient lui permettre  de continuer à aller à l’école … Alors, elle s’est mise à travailler pour rapporter un peu d’argent.

Elle attrapa sa brosse et frotta avec entrain en chantonnant un petit air repris en chœur par ses copines de labeur.

L’eau était froide, les mains abîmées, mais le cœur était là pour essayer de trouver l’entrain nécessaire malgré les conditions de travail difficiles.

Rosie avait l’impression de faire partie d’une vraie famille pas comme ses parents qui l’avaient lâchement abandonnée à l’adolescence !

Parfois, en guise de distraction, des palefreniers du haras d’à côté passaient devant le lavoir et, à la vue de ces femmes, courbées sur leur labeur, ils laissaient échapper quelques rire et leur lançaient des œillades plus appuyées …

L’ambiance était détendue et Rosie et ses camarades oubliaient un court instant leur condition de travail pénible.

Un des jeunes palefreniers s’approcha un peu plus du lavoir, remarquant Rosie les mains jointes en prière.

Elle était tournée vers les étoiles en cette belle fin de journée de Juin ; elle souriait superbement et regardait le ciel …

Poésies d'ailleurs