Chaque nuit de pleine plume, un écrivain fantôme venait hanter mes rêves …
J’avais laissé derrière moi ma vie trépidante et stressante de parisienne.
Le bruit, la promiscuité, la qualité de l’air de plus en plus dégradée ; je n’aspirais qu’à une chose, m’éloigner au plus vite de cette capitale qui nuisait gravement à ma capacité d’imagination nécessaire à l’écriture de mon dernier roman.
D’origine bretonne et ayant encore une partie de ma famille sur la presqu’ile de Crozon, je décidais de déménager de mon appartement parisien et d’investir les lieux d’un phare acquis par mes parents quelques années auparavant.
Quel endroit plus merveilleux que celui-ci pour retrouver l’envie et poursuivre la narration et la vie de mes personnages entrés récemment et durablement dans ma vie !
Le confort spartiate mais néanmoins chaleureux du vieux phare étant tout à fait approprié pour cette tâche, je commençais, dès le premier jour, à reprendre le fil de mon histoire laissée en plan depuis plusieurs semaines …
A cette période de l’année les tempêtes de bord de mer faisaient rage et le ciel se zébrait d’éclairs impressionnants illuminant à chaque coup de tonnerre l’intérieur de la pièce principale.
Comme un signe du destin, ce soir-là, mon histoire reprenait à la mort accidentelle et brutale d’un de mes personnages.
Une mort inexpliquée et troublante dont la cause n’était pas encore connue.
Ce roman se voulait la suite de 3 tomes écrits préalablement par un écrivain célèbre disparu lui aussi de manière tout aussi mystérieuse sans avoir pu finaliser son quatrième et dernier tome.
Suite à sa disparition, j’avais donc entrepris, sans en informer son éditeur, de poursuivre cette histoire, à ma façon …
Mais au bout de plusieurs semaines, devant mes pages désespérément blanches et incapable de trouver une fin digne de ce roman, mes nuits commencèrent à être perturbées et j’entendais même parfois des voix la nuit, qui se faisaient de plus en plus menaçantes …
Les orages étaient de plus en plus nombreux aussi et me privaient parfois de l’électricité nécessaire pour mon travail.
Les meubles craquaient sous la tempête et mon esprit perturbé sentait une présence malveillante.
Depuis mon arrivée, privé de réseau, isolé de toute habitation proche, je ne pouvais communiquer avec mon entourage.
Mais une nuit, toujours aussi agitée, je reçu un sms, le premier et le seul depuis mon arrivée : « Tu n’aurais pas dû »
Cette mise en garde me glaça le sang et je compris instantanément le message, l’écrivain disparu avec son histoire et son mystère ne souhaitait pas que je poursuive le chemin …
Je lui avais volé une partie de sa vie qui devait disparaître avec sa mort.
Pour la première fois depuis des semaines, je sortis du phare au lever du jour, l’ensemble de mes feuillets sous le bras.
Je me penchais au-dessus de la falaise et jetais au loin dans les vagues cette histoire sans fin pour lui permettre une possible renaissance …
Ce qui veut dire qu'il ne faut pas sortir des limites fixées par je ne sais quelle force, entité, Ange ou Démon qui nous surveille ? Dans le livre des mutations, une des recommandations ((N° ?) concerne
nos LIMITES, savoir à quel moment s'arrêter et ne pas dépasser une ligne rouge....la vie nous apprend
à garder nos distances sans pour autant renoncer à toute créativité ?!