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Les chevaux du destin

Par verozen • Contes • Samedi 08/06/2024 • 0 commentaires • Version imprimable


Un modeste paysan vivait au nord de la Chine,
aux confins des steppes hantées par les hordes nomades...
Il rentra un jour de la foire en sifflotant avec une superbe pouliche qu’il avait acheté à un prix raisonnable, engloutissant tout de même cinq ans d’économies.

Quelques jours plus tard, son unique cheval, qui constituait tout son capital, s’échappa et disparut vers la frontière.

L’évènement fit le tour du village et les voisins vinrent tour à tour plaindre le fermier de sa malchance.

Il haussait les épaules et répondait imperturbablement :

-          Les nuages cachent le soleil mais apportent la pluie. D’un malheur naît parfois un bienfait. Nous verrons.

Trois mois plus tard, la jument réapparut avec un magnifique étalon sauvage caracolant à ses côtés. Elle était grosse.

Les voisins vinrent féliciter l’heureux propriétaire :

-          Vous aviez raison d’être optimiste. Vous perdez un cheval et vous en gagnez trois !

-          Les nuages apportent la pluie nourricière, et parfois, l’orage dévastateur. Le malheur se cache dans les plis du bonheur. Attendons.

Le fils unique du paysan dressa l’étalon fougueux et prit plaisir à le monter. Il ne tarda pas à faire une chute de cheval où il faillit se rompre le cou. Il s’en tira avec une jambe cassée.

Aux voisins qui venaient à nouveau lui chanter leur complainte, le philosophe campagnard répondit :

-          Calamité ou bénédiction, qui peut savoir ? Les changements n’ont pas de fin en ce monde impermanent.

Quelques jours plus tard, la mobilisation générale fut décrétée dans le district pour repousser une invasion mongole.

Tous les jeunes gens valides partirent combattre et bien peu regagnèrent leurs foyers.

Mais le fils unique du paysan, grâce à ses béquilles, échappa au massacre.

Poésies d'ailleurs